DJ Khaled ou l’art de la playlist
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Le nouvel album de DJ Khaled, Father of Asahd, continue dans sa tradition d’envisager chaque chanson comme une photo de groupe inédite. Les 15 tracks du projet présentent 29 interprètes différents.
Les limites de la formule « playlist » sont évidentes sur Father of Asahd: de nombreuses voix mais pas de voie claire ni d’intention. Tout le monde semble plus froid qu’en 2015 et les platitudes de Khaled ne fonctionnent plus comme une ancre efficace. Des chansons vaguement motivantes (« Won’t Take My Soul» et «Weather the Storm») se mêlent à des thèses génériques sur l’envie et la loyauté («Jealous» et «You Stay»). Rassembler les plus grands noms du dancehall – Mavado, Sizzla et Buju Banton, récemment libérés de prison – n’est pas une mince affaire pour une première motivation, avant d’ajouter à la voix le chanteur du New Jersey 070 Shake, mais ce n’est pas suffisant. Quelque chose manque au projet. Il y a une poignée de « bars » introspectifs de Meek Mill et Lil Baby; mais qui ne donnent pas un résultat efficace. Cardi B et 21 Savage sur «Wish, Wish» sont rafraîchissants et prêts pour l’été. Le titre le plus clair et abouti est «Higher», avec John Legend et le regretté Nipsey Hussle. Surtout dans le contexte de sa mort le mois dernier, les deux versets de Hussle sont une réflexion étrangement ponctuelle sur sa propre vie, commençant par l’histoire de sa famille et se terminant par cette prophétie: » Homicide, hate, gang banging’ll get you all day/Look at my fate.” Il offre un rare moment de profondeur et de vulnérabilité sur un album largement marqué par le vide.
C’est dommage!!!